Dimitri

Dimitri maudissait le soleil qui n'avait pas dévoilé sa face depuis 5 jours déjà. Il resta un moment contempler le ciel pendant que la pluie imprégnait son visage. Il revint à ses pensées : il avait rendez-vous pour louer un appartement au quartier des citoyens. L'immeuble ou il devait se rendre faisait pâle figure (par la taille car tout aussi gris et terne) face aux grattes ciels qui dominaient la mégalopole.

L'homme avec qui il avait rendez-vous était plutot petit, assez trapu, la cinquantaine, a moitié chauve et il machonnait sans arrêt un cigare. Il leva la tête quand Dimitri pénétra dans le bâtiment et dit:
_"Bonjour, je m'appelle Sergeï et vous devez être Dimitri n'est ce pas?"
_"C'est ça"
_"Très bien, si vous me le permettez je vais vous conduire à votre appartement"
Il conduisit Dimitri au premier étage et lui indiqua la porte au fond du couloir et lui donna une clé. Dimitri ouvrit et examina la "prestigieuse demeure". Le salon était envahit par les cafards (trouver une maison sans cafards était impossible dans ce quartier) qui avaient apparemment établis leur QG dans le canapé, mais par contre il n'y avait pas de rats (bête plus grosse mais moins courante). A part ça le salon contenait un tableau représentant le siège du gouvernement : le palais rouge, et quelques meubles de piètre qualité. La salle de bain était correct bien qu'il faille partager sa douche avec les blattes. La chambre était confortable : un luxe non négligeable. Mais Dimitri voulait s'assurer d'un détail plus important : _"Il n'y a pas d'Holo écrans n'est ce pas?"
_"C'est vous qui l'avez demandé" répondit Sergeï
_"Bien, je prend"

Maintenant qu'il possédait un endroit tranquille, Dimitri commença ce pourquoi il avait loué l'appartement : la rédaction d'un journal clandestin dénonçant le Parti. Il convoqua 3 de ses amis qui venaient rédiger des articles qui expliquaient la tyrannie et la cruauté du régime de Mikhaïl Kherkov et de ses prédecesseurs. Quand le "bouclage" était terminé, il passait du temps a discuter entre eux du comment pourrait-on montrer au sénat et autres nations galactiques le mode de vie qui domine sur la planète. Mais cela était presque impossible, les moyens de communications les perfectionnés étant constamment sous surveillance de la police de la pensée.

Un jour, alors qu'ils rédigeaient un numéro spécial sur les conditions des troupes, une voix surgit du mur.
_"Ne bougez plus, vous êtes en état d'arrestation pour crime contre le Parti, mains sur la tête!"

Dimitri était effrayé, ainsi que ses collègues, le destin le plus doux qui leur restait était la mort, rapide. Mais pour les criminels politiques, des choses bien pires arrivaient. "L'holo-écran était derrière le tableau", dit un des journalistes.

_"En effet, l'holo-écran était derrière le tableau, depuis le début" Sergeï entra dans la pièce, il avait toujours son cigare, mais portait un uniforme d'officier de la police de la pensée. "Allez les gars !!" , cria-t-il. Sur ces mots, une demi douzaine de policiers entrèrent et rossèrent les prisonniers à coups de bottes et de matraques. Ils les relevèrent et les conduisirent dans un vaisseau-fourgon, a destination du pénitencier installé sur la plus grande lune de la planète. Avant de décoller, Dimitri observa Sergeï depuis un hublot, c'était la première fois qu'il voyait, ou plutot reconnaissait, un agent spécial de la police de la pensée.


Mais ce qui l'obsédait, et surtout ce qui l'effrayait, c'était la rééducation politique, qui se faisait par tous les moyens qui soient, jusqu'à ce que ça réussisse.

Quand Dimitri se réveilla, il était allongé sur une table d'opération. Ses membres étaient attachés, son ventre était ouvert et quatre hommes en blouse munis de multiples appareils était penchés sur son estomac, il était anesthésié et ne savait donc pas ce que les "médecins" lui faisaient. Au bout d'un moment, ils lui refermèrent le ventre puis le conduisirent dans une salle où il était seul. Depuis son internement, c'était la première fois qu'il se trouvait seul dans une pièce, sans aucun autre prisonnier politique ni holo-écrans. Son internement, il ne savais même pas depuis quand il est emprisonné, il pensait que cela faisait a peu près six moi, mais en était-il vraiment sur? Il n'avait même pas vu le ciel de l'espace ni l'heure depuis qu'il était la. Il était quelque part au centre de la lune, c'est tout ce qu'il savait.

L'anesthésie commençait a de dissiper, mais au fur et a mesure que ses sens lui revenaient, une douleur au ventre se développait. Il se recroquevilla pour essayer de résister, mais la douleur était de plus en plus forte. Il se mit à crier, il continua à crier encore, encore, encore. La douleur continua, comme si une machine lui broyait les tripes. Puis la "machine" s'arrêta. La douleur se stoppa. Il était fatigué mais ne voulut dormir. Oh non ! depuis qu'il était la, a chaque fois qu'il s'endormait il se réveillait dans une autre pièce, ou il était torturé, interrogé, tabassé... Mais le sommeil venait toujours, on pouvait le retarder mais pas l'éviter.

Tout à coup la porte s'ouvrit, Sergeï entra, comme toujours après chaque "séance" de rééducation politique.
_"Vous allez bien ?" dit-il
_"A votre avis, répondit Dimitri, comme d'habitude j'ai dépassé les limites de la douleur"
_"Hélas pour vous, je craint que non, et c'est d'ailleurs étonnant que vous me dites ça car vous êtes sur le point de le faire."
2 gardes entrèrent et allongèrent Dimitri sur une table à roulettes.
A ces mots venant de Sergeï, il ressentit l'envie de pleurer, mais il semblait ne plus y avoir de larmes dans son corps. Il sentit la table avancer à travers les couloirs du complexe jusqu'a ce qu'elle s'arrête dans une salle ou il n'est apparemment jamais allé.
_"Voici ce que l'on appelle la destination finale, Dimitri, la ou l'on convertit les maillons défaillants"
_"Mais puisque je vous répète depuis le début que j'ai compris la leçon !! Je regrette ce que j'ai fais !! Je crois en le Parti maintenant !!"
_"Vous le dites depuis le début mais vous ne l'aver jamais vraiment pensé, mais il y a pour CHAQUE personne un stade ou cette personne craque, un point de non retour. Pour certains la mort, d'autres par leurs phobies, la votre d'ailleurs est celle des piqûres, des aiguilles, vous ne les supportez pas."

Il releva le buste de Dimitri qui vit une étrange machine, de la forme d'un être humain. L'intérieur était hérissé de milliers d'aiguilles, chacune correspondant un endroit du corps : deux pour les yeux, des milliers pour le reste du corps et deux autre aiguilles pour les parties reproductrices. Un mécanisme électrique releva la table ou était posé Dimitri et il se retrouva parallère à l'horrible machine qui se mit à avancer lentement vers lui. Il cria
_"non !! NON !! NOOOOOOOON !! PITIE !!"

Il continua de crier, il se débattait de toute ses forces, il voulut arracher les sangles qui le retenaient avec ses dents, quitte à les lui arracher, mais il était immobile, et son destin s'avançait vers lui.
Puis il comprit, tout ce qu'il prenait pour de la propagande, tout ce qu'il répugnait à écouter avant, tout ça devenait clair dans sa tête. Il comprit tous les agissements du Parti, il ne prétendait plus être rééduquer, maintenant il l'était. Il raconta en souriant ce qu'il avait appris à Sergeï, celui ci écoutait, souriant. Alors que les aiguilles commençaient à chatouiller le visage de Dimitri, la machine s'arrêtat, mais Dimitri ne semblait plus y penser, il ne s'en préoccupa pas. Il était fier d'avoir découvert la vérité, il était satisfait du traitement qu'il avait subi. Il comprit maintenant ses erreures.

Le lendemain, il accueillit Sergeï avec un grand sourire. Celui ci lui annonça : selon la procédure MRW-5A. Vous allez être, en tant qu'ex-criminel de la pensée, affecté dans dans les C.A.E.S (Commandos d'Assault d'Entités Spatiales , des unités d'abordage de vaisseaux ou d'astéroïdes fortifiés).